Yannick Bolloré dément tout deal avec WPP et calme le jeu chez Havas

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Depuis quelques jours, le marché publicitaire bruissait de rumeurs.

Havas, disait-on, discuterait d’une prise de participation dans WPP. Une info reprise par plusieurs médias, alimentant un emballement boursier spectaculaire. Face aux questions internes et à l’effet domino dans la presse, Yannick Bolloré a finalement décidé de prendre la parole. Dans un mémo adressé aux équipes, le CEO a coupé court aux spéculations : Havas n’est pas en discussions avec WPP.

Un message clair, dans un moment où l’industrie vit une consolidation sans précédent.

Pourquoi Havas a dû intervenir publiquement

Jusqu’ici, Havas s’en tenait à sa ligne habituelle : ne pas commenter les rumeurs de marché. Mais cette fois, l’onde de choc a dépassé le cadre médiatique. Deux jours après la publication des premiers articles, WPP a enregistré une hausse de 11 % en Bourse, la plus forte progression du FTSE 100 ce jour-là.

De quoi créer une agitation inhabituelle en interne, poussant Bolloré à clarifier la situation pour rassurer collaborateurs et clients.

Dans son message, il explique que l’ampleur des réactions obligeait à un recadrage. Pas de discussions, pas de prise de participation, pas de négociation en coulisses. En parallèle, il en a profité pour rappeler la dynamique positive de Havas, loin de l’image d’un groupe en quête de sauvetage ou de fusion.

Ce démenti arrive dans un écosystème où les rapports de force évoluent vite. La moindre rumeur peut faire bouger des valorisations déjà instables. Et dans le cas de WPP, la sensibilité est encore plus forte, car la structure traverse une période délicate.

Un rappel stratégique : Havas mise d’abord sur des acquisitions ciblées

Dans ce mémo, Bolloré n’a pas seulement éteint un feu. Il a aussi repositionné le récit autour de la stratégie du groupe.

Havas affiche une croissance organique de 3.8 % au troisième trimestre, ce qui place le groupe au-dessus de la moyenne du marché. Les résultats récents, les gains clients et les collaborations renforcées montrent qu’Havas est sur une pente ascendante, sans avoir besoin d’un rapprochement massif pour continuer à progresser.

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La direction réaffirme ainsi sa feuille de route :

Des acquisitions “bolt-on”, ciblées, complémentaires, pensées pour renforcer les expertises du réseau. Pas de course au gigantisme, ni de fusion spectaculaire pour gonfler artificiellement la taille du groupe. Mais Bolloré laisse néanmoins une porte ouverte. Si une opportunité plus large s’aligne avec la stratégie, elle pourra être étudiée. Une manière de dire que Havas reste agile, mais pas impulsif.

Cette précision est importante. Dans un environnement où les fusions se multiplient, rester silencieux laisse la place aux interprétations. En clarifiant, Bolloré montre que Havas garde la main sur son destin.

Une industrie en plein basculement, où chaque mouvement est scruté

Ce démenti ne coupe pas le débat : il le recontextualise. Car la rumeur Havas-WPP n’arrive pas dans un vide. Elle s’inscrit dans une période où le paysage des grands groupes publicitaires est en train d’être redessiné.

La fusion historique Omnicom-Interpublic, valorisée à 13.5 milliards de dollars, est sur le point de se finaliser. Du côté de Dentsu, une vente des activités internationales est envisagée. Et WPP, autrefois champion incontesté, voit sa capitalisation fondre. De 25 milliards de livres en 2017, le groupe pèse aujourd’hui autour de 3 milliards. Une chute brutale qui l’expose aux sorties possibles du FTSE 100 et le rend vulnérable aux investisseurs extérieurs.

Dans ce contexte, il est logique que le moindre signal, même une simple rumeur, déclenche réactions, spéculations et questionnements sur l’avenir des géants du secteur.

Pour Havas, cette période de turbulences est aussi une fenêtre d’opportunités. Le groupe peut avancer sereinement avec ses stratégies ciblées, tout en gardant un œil sur les mouvements majeurs qui redessinent l’équilibre global de l’industrie.

Et si la rumeur WPP a semblé plausible quelques heures, la réponse de Bolloré remet les choses en perspective : Havas avance, mais avance à sa manière, avec une stratégie claire et des priorités assumées.

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Gabriel Teisson

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