Coup de tonnerre à Hollywood : après Disney, c’est au tour de Warner Bros d’attaquer Midjourney en justice. Le motif ? La reproduction jugée illégale de personnages emblématiques comme Superman, Batman, Wonder Woman ou encore Bugs Bunny.
De quoi transformer un simple procès en symbole du bras de fer qui oppose désormais les studios à la génération d’images par IA.
Le 4 septembre dernier, Warner a officiellement déposé plainte devant le tribunal fédéral de Los Angeles. En ligne de mire : la possibilité offerte aux utilisateurs de Midjourney de générer des visuels reprenant ses licences phares, parfois publiés ensuite sur Reddit ou Instagram. Pour le studio, il s’agit ni plus ni moins d’une violation manifeste de copyright.
Quand Superman se retrouve généré en un prompt
La plainte révèle un point sensible : Midjourney aurait levé certaines restrictions qui empêchaient auparavant la création d’images sous copyright. Un choix que Warner qualifie de « calculé », motivé avant tout par la recherche de profit. Résultat : les utilisateurs ont pu générer librement des visuels de Scooby-Doo en mode cyberpunk ou d’un Batman revisité à la sauce manga, des contenus qui circulent ensuite sans contrôle sur les réseaux sociaux.
Warner Bros ne prend pas l’affaire à la légère : le groupe réclame jusqu’à 150 000 dollars par infraction, soit environ 128 000 euros. Si la somme peut sembler astronomique, elle reflète l’importance stratégique de ses licences, qui génèrent chaque année des milliards de revenus via le cinéma, les jeux vidéo ou le merchandising.
Ce n’est pas la première fois que Midjourney se retrouve dans la tourmente. En 2024, Disney et NBCUniversal avaient déjà enclenché des poursuites similaires pour des personnages comme Dark Vador, Shrek ou Bart Simpson. La tension monte, et l’impression que les IA génèrent des « fan arts » incontrôlés avec des licences protégées commence à inquiéter sérieusement les géants du divertissement.
L’ombre du “fair use” dans la défense de Midjourney
Face à ces accusations, Midjourney pourrait invoquer le fameux “fair use”. Ce concept du droit américain autorise, sous certaines conditions, l’utilisation d’œuvres protégées à des fins jugées raisonnables (parodie, commentaire, recherche…). C’est un argument qui a déjà sauvé Google ou OpenAI en mars dernier, lorsque leurs modèles ont été attaqués pour avoir utilisé des contenus protégés dans leur phase d’entraînement.
LIRE AUSSI : Adobe intègre Gemini 2.5 Flash Image de Google dans Firefly et Express
Mais la situation est plus complexe ici. Contrairement à un modèle qui apprend de données brutes, Midjourney met directement entre les mains des utilisateurs un outil qui peut générer et diffuser des visuels quasi identiques à ceux des licences originales. La frontière entre créativité et violation devient alors très fine, et les tribunaux devront trancher sur une question centrale : où commence et où s’arrête l’usage légitime de l’IA générative ?
Hollywood contre la Silicon Valley : un combat de titans
Au-delà du cas Midjourney, c’est tout un rapport de force entre l’industrie du divertissement et la tech qui se joue. Les studios défendent la valeur économique de leurs licences, pilier de leur modèle depuis des décennies. Les acteurs de l’IA, eux, plaident pour la liberté d’usage et l’idée que l’innovation ne doit pas être bridée par le copyright.
Ce procès Warner Bros pourrait devenir un précédent marquant, influençant la manière dont les IA génératives s’entraîneront et fonctionneront dans les prochaines années. Et il tombe à un moment stratégique : Midjourney serait en discussions avec Meta pour des intégrations potentielles, ce qui ne manquera pas d’attirer l’attention des régulateurs.
En attendant, une chose est sûre : les super-héros de Warner n’avaient sans doute pas prévu de livrer leur plus grande bataille… devant un tribunal fédéral.
LIRE AUSSI : Reddit veut devenir un moteur de recherche pour rivaliser avec Google et l’IA