On a tous connu ce moment particulier dans un VTC. La radio est éteinte, la conversation avec le chauffeur est au point mort, et le seul bruit ambiant reste le ronronnement rassurant du moteur thermique.
Ce bruit de fond, c’est notre couverture sociale. Il comble les vides, masque les petits bruits parasites et nous donne une contenance. Mais que se passe-t-il quand on retire ce filet de sécurité sonore ? C’est la question (hilarante) que pose Uber dans sa toute nouvelle campagne lancée le 23 novembre. Car oui, le futur est en marche, mais il est terriblement silencieux.
Le bruit du moteur cache bien des choses
Pour cette prise de parole stratégique, la marque a refait confiance à l’agence Buzzman, experte dans l’art de trouver l’insight qui gratte. Plutôt que de nous servir un énième film corporate avec des images de nature luxuriante et une voix off solennelle pour parler d’écologie, les créatifs ont choisi l’angle de la vie réelle. Le message est simple : l’électrique, c’est génial pour la planète, mais c’est une épreuve pour notre intimité sonore.
La campagne capture ce phénomène inattendu à travers des situations d’une banalité affligeante qui deviennent des épopées comiques. Sans le grondement du moteur pour couvrir l’ambiance, chaque son prend des proportions démesurées. Le froissement d’un paquet de chips devient une agression auditive, et la respiration un peu trop forte d’un petit carlin se transforme en vacarme gênant.
C’est brillant parce que c’est vrai. Buzzman transforme une caractéristique technique (l’absence de bruit du moteur électrique) en une expérience sociale universelle : le malaise du silence. En jouant la carte de l’autodérision, Uber rend sa transition écologique tangible et surtout, sympathique.

92% de silence : la nouvelle norme urbaine
Derrière les sourires crispés des passagers dans les spots, il y a une réalité industrielle massive. Cette campagne n’est pas juste là pour amuser la galerie, elle vient célébrer un chiffre colossal : en France, 92% des trajets effectués via l’application se font désormais en véhicules électriques ou hybrides (selon les données du troisième trimestre 2025).
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C’est un tournant majeur pour la mobilité urbaine. Il y a encore quelques années, tomber sur une voiture électrique était une exception, une curiosité. Aujourd’hui, c’est la norme. Cette transition vers une flotte plus verte change littéralement le paysage sonore de nos villes, les rendant plus respirables et plus calmes.
En communiquant sur ce chiffre via l’humour, Uber évite le piège du « greenwashing » moralisateur. Ils ne disent pas « regardez comme nous sommes vertueux », ils disent « regardez comme c’est calme (peut-être même un peu trop) ». C’est une manière habile de valider l’acquis : la transformation est faite, elle est réelle, et elle change déjà nos expériences quotidiennes.

Une stratégie qui fait du bruit sans un mot
Visible en TV, en VOL, sur les réseaux sociaux et en presse, cette campagne prend le contre-pied total des codes publicitaires actuels. Dans un monde médiatique saturé de messages, de musique forte et de promesses hurlées, Uber fait le pari du minimalisme sonore.
C’est une stratégie audacieuse. Laisser le silence « parler » pour la marque permet de capter l’attention par le contraste. Quand une coupure pub enchaine les spots bruyants, le calme soudain de la publicité Uber force le téléspectateur ou l’internaute à lever les yeux (et à tendre l’oreille).
En acceptant de montrer que le progrès technologique peut avoir des effets secondaires cocasses (la gêne), la marque gagne en proximité. Finalement, on est tous prêts à accepter d’entendre notre voisin mâcher ses chips si c’est le prix à payer pour des villes moins polluées. Mais on n’oubliera pas de mettre nos écouteurs la prochaine fois, juste au cas où.
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