Quand l’art s’invite sur les façades du pouvoir, le message a rarement besoin d’être long. Avec “Is America Great Again?” projeté sur les murs de la Maison-Blanche, du MoMA, du Capitole ou encore de Fox News, le collectif QSTNMRK pose une question aussi simple que brutale.
En remplaçant les étoiles du drapeau américain par des points d’interrogation, leur visuel devient un symbole : celui d’un pays en proie au doute, à la confusion, et à une urgence de se regarder en face. Ce n’est ni une réponse, ni une provocation gratuite. C’est un miroir, tenu à bout de bras, à la nuit tombée.
Des bâtiments puissants, une question lumineuse
L’idée est à la fois évidente et percutante : louer un van, un projecteur, et afficher une seule question sur les bâtiments les plus symboliques des États-Unis. Trump Palace, le Capitole, le MET, le Guggenheim ou encore les bureaux de Fox News deviennent le décor d’une interrogation collective. L’image du drapeau américain revisité (où les étoiles ont laissé place à des points d’interrogation) frappe juste. Un détournement visuel minimaliste mais chargé de sens, que l’on reçoit comme un uppercut silencieux.
Le choix du support est tout sauf anodin. En projetant ce message sur les temples du pouvoir, de l’art et des médias, QSTNMRK pointe la responsabilité de ces institutions dans le climat anxiogène actuel, mais aussi leur potentiel à redevenir des lieux de réflexion et d’influence positive. Le collectif ne cherche pas à vandaliser, mais à réanimer un dialogue devenu trop silencieux.


Un manifeste pour ceux qui refusent la normalisation du chaos
En parallèle de cette action nocturne, QSTNMRK a publié une lettre ouverte, un manifesto “Dear America”. Le ton est clair : ce drapeau n’est pas une attaque, c’est une alerte. Le texte s’adresse à ceux qui croient encore en la liberté, en la créativité, en la possibilité de réinventer un idéal commun. Il parle aux citoyens fatigués de voir la satire devenir réalité, aux esprits critiques étouffés par la cacophonie politique, à ceux qui choisissent le doute comme moteur plutôt que comme faiblesse.
LIRE AUSSI : « The Undrinkable Can » : une initiative artistique audacieuse contre Coca-Cola
Le drapeau renommé “Is America Great Again?” devient un symbole à double lecture. Il peut être porté avec fierté, ironie ou les deux à la fois, selon l’état d’esprit de chacun. C’est justement ce flou, cette ambivalence assumée, qui donne à la campagne toute sa force : elle ne dicte rien, elle questionne tout.
Un bel exemple de résistance créative et pacifique
Dans une époque saturée de slogans criés, cette projection discrète mais spectaculaire remet la subtilité au centre du débat. Le collectif QSTNMRK réactive une forme d’activisme artistique où la puissance du visuel dépasse celle des mots, et où la rue redevient un espace de dialogue. On est loin des campagnes choc ou des provocations vides : ici, chaque élément est pensé, chaque lieu choisi, chaque mot pesé.
En invitant l’Amérique à s’interroger sur elle-même, sans violence mais sans détour, QSTNMRK redonne de la valeur à un acte essentiel dans toute démocratie : celui de questionner, ensemble.
Conclusion
Is America Great Again? n’est pas une attaque. C’est une invitation à réfléchir, un cri doux mais lucide, porté par des images projetées dans la nuit. Une performance qui rappelle que le doute est parfois le plus beau des élans démocratiques, et qu’un simple point d’interrogation peut réveiller bien plus qu’un discours.
LIRE AUSSI : Le musée de l’Armée et Buzzman hackent les autres musées pour promouvoir ses œuvres