En cette fin d’année 2025, le monde de la publicité semble avoir trouvé son nouveau jouet favori : l’intelligence artificielle générative. Pas une semaine ne passe sans qu’une marque ne nous serve une campagne « promptée », souvent techniquement impressionnante mais émotionnellement aussi froide qu’un iceberg.
C’est dans ce vacarme technologique que Porsche a décidé de prendre tout le monde à contre-pied. Pour sa campagne de fêtes, le constructeur allemand a choisi de ralentir, de revenir à la matière et surtout, de bannir l’IA de son processus créatif. Un pari risqué ? Au contraire, c’est un véritable carton d’audience.
Le triomphe du « fait main » face à l’automatisation
Pour réaliser ce tour de force, la marque s’est associée au studio parisien Parallel Studios. Ensemble, ils ont donné vie à « The Coded Love Letter », un court-métrage d’animation qui revendique fièrement ses aspérités. Ici, pas de lissage algorithmique ni de mouvements hyper-fluides générés par ordinateur. Le film mélange illustrations dessinées à la main et animation 3D avec une texture palpable.
Ce choix esthétique est une déclaration d’intention. À une époque où les campagnes de Noël sont produites à la chaîne pour inonder les réseaux, Porsche propose une œuvre qui a une « âme ». Les spectateurs ne s’y trompent pas : ils réagissent au fait que le travail semble intentionnel, traçable et issu de véritables mains humaines.
Les mouvements sont légèrement inégaux, les objets ont du grain, et c’est précisément ce qui rend la vidéo chaleureuse. C’est une réponse cinglante à la fatigue visuelle que commence à provoquer l’uniformisation des contenus par l’IA. En choisissant l’artisanat, la marque réaffirme que le luxe, c’est aussi le temps passé à créer les choses.

Une chasse au trésor pour passionnés
Mais « The Coded Love Letter » n’est pas qu’un joli film à regarder passivement. C’est un piège à attention redoutablement efficace. La marque a transformé sa publicité en un véritable quiz interactif, invitant sa communauté à repérer huit références cachées issues de son histoire.
Le film est conçu pour être mis en pause, rembobiné et scruté à la loupe. Chaque plan regorge de détails subtils que seuls les vrais connaisseurs peuvent identifier au premier coup d’œil. On y croise par exemple la toute première plaque d’immatriculation de la marque ou encore des clins d’œil à la célèbre livrée Pink Pig, cette décoration rose cochon devenue culte dans le monde du sport automobile.
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Cette mécanique de « gamification » change tout. Au lieu de scroller après trois secondes, l’internaute s’arrête, cherche, et partage ses trouvailles. Porsche traite ici son héritage non pas comme une pièce de musée poussiéreuse, mais comme un terrain de jeu actif. La marque fait confiance à l’intelligence de son audience, créant un sentiment de connivence fort entre le constructeur et ses fans.
Ralentir pour mieux engager
Les chiffres donnent raison à cette stratégie de la « slow advertising ». Sur Instagram, la vidéo a explosé les compteurs avec plus de 10 millions de vues et 432 000 likes. Mais au-delà des vanity metrics, c’est la qualité de l’engagement qui impressionne. Les commentaires ne sont pas de simples émojis, mais des discussions passionnées où les utilisateurs comparent leurs notes sur les fameux « easter eggs » cachés.
Dans un marché où l’on pense souvent que la différenciation passe par la surenchère technologique, Porsche prouve que l’engagement naît de la participation. En transformant le spectateur en acteur et en misant sur la nostalgie bien dosée, la campagne crée une « creative lane » unique.
C’est une leçon pour 2026 : quand tout le monde accélère vers l’automatisation, la valeur refuge reste l’émotion humaine et le souci du détail. Finalement, faire du vieux avec du neuf (et sans robot), c’est peut-être ça, la vraie modernité.
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