Sur Pinterest, l’inspiration visuelle est reine. Mais avec la montée en flèche des images générées par l’intelligence artificielle, la frontière entre création humaine et production algorithmique est devenue floue.
Face à ce phénomène, Pinterest prend une décision inédite : laisser à ses utilisateurs le choix de voir (ou non) des images issues de l’IA. Une première mondiale dans l’univers des réseaux sociaux.
Un contrôle inédit sur la présence d’images IA
Dévoilée dans un communiqué le 16 octobre, cette nouvelle fonctionnalité permet à chaque utilisateur d’ajuster son fil Pinterest grâce à un curseur de filtrage. Concrètement, il suffit de cocher ou décocher les catégories où l’on souhaite réduire la visibilité des contenus générés artificiellement : beauté, mode, décoration, art… Autant de domaines où les visuels IA pullulent depuis l’explosion de Midjourney, DALL·E et consorts.
Cette approche est simple mais révolutionnaire. Là où la plupart des plateformes misent sur l’intégration massive de l’IA (Meta, par exemple, a lancé des “AI profiles” sur Instagram et Facebook), Pinterest choisit la transparence et le contrôle. Le changement est immédiat, réversible, et met l’accent sur la personnalisation plutôt que sur la standardisation des flux.
En offrant ce niveau de contrôle, Pinterest répond à un besoin profond : celui d’une expérience authentique. À une époque où 57 % du contenu en ligne serait déjà influencé ou généré par des IA selon une étude de 2025, cette initiative résonne comme un geste fort envers les créateurs et les utilisateurs attachés à l’originalité.
Transparence, confiance et créativité humaine
Cette mise à jour s’inscrit dans une stratégie déjà amorcée par Pinterest depuis plusieurs mois. En avril, la plateforme avait introduit un label visible sur toutes les images créées ou modifiées par IA, identifiant clairement leur origine. Ces étiquettes, désormais généralisées, s’appuient sur des standards mis en place par la Coalition for Content Provenance and Authenticity (C2PA), soutenue par Adobe et Microsoft.
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Pour Matt Madrigal, directeur technique de Pinterest, l’enjeu est clair : « il ne s’agit pas de rejeter l’IA, mais de donner à chacun les outils pour comprendre ce qu’il regarde ». En d’autres termes, Pinterest veut préserver la relation de confiance entre les créateurs et les utilisateurs, en garantissant la clarté sur la provenance des images.
C’est un positionnement malin, surtout à l’heure où beaucoup de marques et de designers dénoncent la perte de repères visuels liée aux contenus synthétiques. Sur Pinterest, où les visuels servent souvent de base à des projets réels (moodboards, inspirations, DIY), la crédibilité des images est essentielle.
Une réponse stratégique face aux géants de la tech
Alors que Google préparerait son propre concurrent à Pinterest et que Meta multiplie les partenariats IA, le réseau de l’inspiration visuelle choisit une autre voie : celle de la modération et de l’éthique. Cette posture pourrait bien renforcer la singularité de Pinterest sur un marché saturé de contenus artificiels.
En misant sur la transparence et la personnalisation, la plateforme se démarque comme un refuge pour la créativité humaine, tout en laissant la porte ouverte à l’innovation. Ce pari pourrait s’avérer payant : dans un écosystème numérique où la méfiance grandit face à l’IA, donner le choix, c’est déjà regagner la confiance.
Avec ce mouvement audacieux, Pinterest rappelle qu’à l’ère de l’intelligence artificielle, l’inspiration authentique reste un luxe… mais un luxe accessible.
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