À l’approche des fêtes, les marques se lancent souvent dans une surenchère d’effets spéciaux pour nous en mettre plein la vue. On a l’habitude des Pères Noël en 3D et des rennes générés par IA qui traversent des ciels pixellisés.
Mais cette année, Petit Bateau a choisi de prendre le contre-pied de cette tendance technologique pour revenir à l’essence même de la magie : le tangible, le vrai, le construit. Sa nouvelle campagne, qui accompagne la collection de fin d’année, est une petite bulle de douceur qui a déjà séduit 466 000 personnes sur Instagram et les passants des Champs-Élysées.
Une odyssée immobile au cœur de Paris
L’idée de départ est simple et poétique : trois enfants embarquent sur une barque pour traverser un océan imaginaire. Au fil de l’eau, ils découvrent des îles scénographiques, chacune représentant un univers visuel distinct : une lune, un flocon géant, une enveloppe mystérieuse. Ce qui frappe au premier regard, c’est la texture de l’image. On sent que les décors existent vraiment, que les sapins ne sont pas des copier-coller numériques.
Et pour cause, ce projet est le fruit d’une production 100% parisienne et artisanale. Réalisée de A à Z par les équipes créatives de Fantasmagorie (de l’écriture du concept à la livraison finale) cette campagne est un tour de force logistique. Le projet global s’est étendu sur deux mois, dont vingt jours ouvrés consacrés uniquement à la construction des décors en atelier. C’est ce temps long, rare dans la publicité moderne, qui donne à la vidéo ce cachet si particulier.

Le défi du « tout physique » : quand le décor devient acteur
Là où beaucoup auraient cédé à la facilité du numérique, l’équipe de production a fait le choix audacieux du réel. Initialement envisagé, le fond vert a été purement et simplement abandonné. Trop complexe en post-production, trop coûteux en effets visuels (VFX), et surtout, peut-être moins chaleureux. À la place, les équipes ont installé une immense bâche imprimée en fond de plateau. Une technique « à l’ancienne » qui offre une profondeur de champ naturelle et immédiate à l’image.
Le plus gros défi technique restait cependant le sol. Pour simuler l’eau et donner cet aspect onirique à la navigation, un sol miroir a été installé sur tout le plateau. Visuellement, c’est sublime. Techniquement, c’est un cauchemar pour un chef opérateur.
Il a fallu un travail d’orfèvre sur le placement des caméras et des lumières pour éviter que les projecteurs ou l’équipe technique ne se reflètent dans « l’eau ». C’est ce genre de détail invisible qui fait la différence entre une bonne vidéo et une campagne immersive.

De l’IA au système D
Ce projet illustre parfaitement l’équilibre entre modernité et artisanat. Si la phase de brainstorming a utilisé la génération par IA pour explorer des pistes visuelles, la réalisation, elle, a fait appel au système D et au savoir-faire manuel.
Un exemple ? La lune qui éclaire les enfants. Elle n’a pas été rajoutée en post-production. Il s’agit d’un luminaire existant, totalement retravaillé et bricolé pour être suspendu et intégré aux systèmes de vol du studio (ce sont des machines de vol / chorégraphie aérienne développées par Fantasmagorie).
Au final, la scénographie composée de deux grandes îles, de douze sapins et de multiples éléments flottants crée un tableau vivant. En maîtrisant toute la chaîne de production, de la 3D préparatoire à l’installation le jour J, Petit Bateau livre une campagne qui respire l’authenticité.
C’est la preuve qu’en 2025, on peut encore émerveiller sans avoir recours à une armée de graphistes, juste avec une barque, un miroir et beaucoup d’imagination.











