La tradition est devenue incontournable, presque aussi sacrée que l’ouverture des cadeaux ou l’indigestion de foie gras. Chaque année, on rivalise d’audace pour porter le pull de Noël le plus kitch, le plus coloré, voire le plus laid possible.
C’est drôle, c’est réconfortant et c’est inoffensif. Enfin, ça, c’était avant que PETA UK ne décide de s’en mêler. L’association, connue pour ses coups d’éclat médiatiques, a décidé de transformer ce vêtement doudou en un véritable manifeste politique insoutenable. Fini les rennes au nez rouge et les bonhommes de neige souriants : cette année, la mode est à l’abattoir.
Un trompe-l’œil vestimentaire redoutable
Lancée pile pour le Christmas Jumper Day du 11 décembre, cette campagne orchestrée avec l’agence Grey London repose sur un piège visuel particulièrement malin. De loin, tout semble normal. Les couleurs sont festives, les motifs géométriques respectent les codes du genre, et la maille semble tout ce qu’il y a de plus chaleureuse. On s’approche pour complimenter l’audace du motif, et c’est là que le malaise s’installe.

Ce ne sont pas des flocons de neige que vous regardez, mais des scènes de crimes animaliers. L’idée créative est brillante car elle utilise la curiosité pour délivrer un message choc. Grey London a détourné l’esthétique « mignonne » de Noël pour exposer une réalité que la plupart des convives préfèrent ignorer au moment de passer à table.
Le pull, habituellement symbole de convivialité, devient ici un support de culpabilité assumée. C’est une stratégie de « cheval de Troie » : le message militant s’invite dans la fête sous une apparence familière pour mieux la perturber.

Trois modèles pour trois plats traditionnels
La collection, vendue en édition limitée sur le shop de l’association, se décline en trois modèles qui visent spécifiquement les stars de nos assiettes de fin d’année. Et les designers n’ont pas fait dans la dentelle. Le premier modèle, baptisé « Dinde terrifiée », affiche sans détour l’animal suspendu par les pattes, le cou en sang, prêt à finir rôti. C’est brutal, direct, et ça casse instantanément l’image d’Épinal de la volaille dorée au four.
Les deux autres références sont tout aussi explicites. La « Vache avec une balle » montre un bovin blessé à la tête, une référence directe à la viande utilisée pour le célèbre bœuf Wellington, tandis que le « Tas de cochons » met en scène un amoncellement de cadavres porcins entourés de couteaux de boucher.
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Pour rester cohérente avec son combat, PETA a évidemment banni la laine. Les pulls sont confectionnés en coton 100 % végétalien, rappelant au passage que la tonte des moutons est elle aussi une industrie que l’association combat. Le détail qui tue (sans mauvais jeu de mots) ? Chaque vêtement est livré avec une étiquette proposant une recette de ragoût végétalien. L’association ne se contente pas de choquer, elle tente d’apporter une solution clé en main pour changer ses habitudes.

Le militantisme s’invite au pied du sapin
Vendus au prix de 75 £, ces pulls ne sont pas donnés, mais ils s’adressent à une cible précise : ceux qui veulent porter leurs convictions littéralement sur eux. Comme le souligne Elisa Allen, la vice-présidente de PETA Royaume-Uni, l’objectif est de rappeler qu’il n’y a « ni réconfort ni joie » pour les millions d’animaux abattus pour ces célébrations.
Cette campagne s’inscrit dans une tendance de fond où les marques militantes n’hésitent plus à utiliser les codes de la pop culture pour faire passer des messages difficiles. En s’attaquant au pull de Noël, PETA touche à un symbole fort. C’est une manière de dire que l’esprit de Noël, censé être fait de paix et de bienveillance, est en totale contradiction avec la violence de l’élevage intensif.
Reste à savoir qui osera vraiment porter un « Tas de cochons » morts lors du repas chez belle-maman. Si l’objectif est de lancer le débat entre la poire et le fromage (végétal, évidemment), c’est gagné d’avance. Pour l’ambiance festive, en revanche, c’est une autre histoire.
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