On se souvient tous du tremblement de terre avorté de 2013, quand Publicis et Omnicom avaient tenté de se dire « oui » avant de rompre brutalement.
Douze ans plus tard, l’histoire s’écrit différemment, et cette fois, la signature est bien apposée au bas du contrat. Ce qui n’était qu’une annonce fracassante en décembre 2024 est désormais une réalité concrète : Omnicom a finalisé l’acquisition d’Interpublic Group (IPG). Une opération colossale qui redessine totalement la carte mondiale de la publicité.
Un colosse aux pieds d’or
Les chiffres donnent le vertige et marquent un tournant historique pour Madison Avenue. Pour la somme de 13,5 milliards de dollars, Omnicom prend le contrôle de son concurrent historique, créant ainsi la plus grande holding de communication au monde en termes de revenus. Le nouvel ensemble pèse désormais près de 26 milliards de dollars de chiffre d’affaires annuel combiné.
Dans cette nouvelle configuration, les actionnaires d’Omnicom détiennent 60,6% du capital, laissant 39,4% à ceux d’IPG. Aux commandes de ce navire amiral, on retrouve l’inoxydable John Wren, qui conserve ses casquettes de président et CEO. Pour l’épauler, l’ancien patron d’IPG, Philippe Krakowsky, et Daryl Simm se partageront les rôles de co-présidents et directeurs des opérations. C’est une consolidation sans précédent, validée de justesse par la Commission Européenne et la FTC américaine, qui ont tout de même imposé des garde-fous pour éviter que ce mastodonte ne dicte sa loi politique aux annonceurs.

La course à la data et la valse des emplois
Si Omnicom a sorti le carnet de chèques, ce n’est pas seulement pour grossir, mais pour survivre et dominer dans un écosystème médiatique cannibalisé par la tech. L’objectif affiché est clair : changer d’échelle sur la data et la technologie pour mieux servir les clients « entreprise » et ne pas se laisser distancer. C’est le nerf de la guerre en 2025. Les holdings ne se battent plus seulement entre elles, elles luttent pour garder leur pertinence face aux plateformes.
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Mais cette fusion a un coût humain immédiat, souvent caché sous le terme pudique de « synergies ». Omnicom prévoit 750 millions de dollars d’économies d’échelle. Pour y parvenir, le ménage a déjà commencé. Depuis janvier, IPG a supprimé 3 200 postes, tandis qu’Omnicom s’était déjà séparé de 3 000 collaborateurs fin 2024. Si John Wren assure vouloir préserver les équipes en contact avec les clients, les fonctions support et administratives (le fameux back-office) risquent de payer le prix fort de cette intégration.
Le casse-tête des conflits et la fin des marques historiques ?
Maintenant que le champagne est bu, le vrai travail commence : gérer la cohabitation. Le nouveau groupe se retrouve dans une situation délicate, gérant désormais des concurrents féroces sous le même toit. Comment faire coexister AT&T et T-Mobile dans les télécoms, ou State Farm et GEICO dans l’assurance, sans froisser personne ? C’est un numéro d’équilibriste qui va demander une diplomatie de haut vol.
Au-delà des clients, c’est la structure même des réseaux d’agences qui pourrait être bouleversée. La rumeur enfle depuis quelques semaines : toutes les marques ne survivront pas. Des bruits de couloir persistants évoquent même la possible disparition du réseau mondial DDB, une institution pourtant légendaire. Le départ récent de son CEO mondial, Alex Lubar, sans remplaçant annoncé, ne fait qu’alimenter les spéculations. Ce rachat n’est pas qu’une opération financière, c’est le début d’une grande rationalisation qui pourrait effacer des noms iconiques de l’industrie publicitaire.
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