À Rome, il y a les ruines, les fontaines, les trattorias… et maintenant une fresque antique où des Romains en toge dégustent des Big Macs.
Non, ce n’est pas une hallucination sauce barbecue, mais bien la dernière campagne de McDonald’s Italie. Avec Enjoy the Classics, la marque s’offre une installation XXL dans la Galleria Alberto Sordi, sous forme de mosaïque pseudo-romaine, jouant habilement avec les codes de l’archéologie et de la pop culture. De quoi faire sourire (ou grincer des dents) les puristes, tout en marquant les esprits.
Une œuvre entre patrimoine simulé et marketing bien réel
Imaginée comme une fausse découverte archéologique, la mosaïque met en scène un banquet romain revisité : burgers, frites et sodas sont servis sur fond de colonnes et de toges, avec le logo McDo subtilement incrusté dans les décors. Pour renforcer l’illusion, 18 000 carreaux ont été posés à la main par dix mosaïstes, et tout l’environnement a été scénographié façon fouilles archéologiques, poussière comprise. Une attention au détail qui fait mouche dans un lieu aussi emblématique que la Galleria Alberto Sordi.
Ce n’est pas un hasard si la campagne s’installe au cœur de la capitale. Rome incarne à la fois le poids de l’Histoire et la fierté culturelle italienne, ce qui donne à l’opération une charge symbolique forte. McDonald’s, ici, joue avec le feu : détourner l’héritage antique à des fins publicitaires, c’est s’exposer à la critique. Et pourtant, c’est précisément cette audace qui rend la campagne mémorable.
Quand la satire flirte avec la stratégie de marque
Cette opération n’est pas qu’un coup d’éclat visuel. Elle s’inscrit dans la stratégie plus large de McDonald’s en Italie, qui depuis plusieurs années cherche à s’ancrer dans le paysage culturel local. Certains restaurants de Rome arborent déjà des décors inspirés de l’Antiquité, avec marbre, mosaïques et vitrines archéologiques intégrées au sol. Ici, la marque pousse le curseur plus loin en créant une œuvre immersive qui brouille les frontières entre art, musée et publicité.
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Derrière le clin d’œil potache, il y a un vrai savoir-faire en storytelling de marque : “Enjoy the Classics” fonctionne à plusieurs niveaux. On parle des classiques de McDo, bien sûr, mais aussi des classiques de la culture romaine. Le slogan latin “Gaudeat Classicis” parachève le mélange des genres avec humour. Et pendant que les touristes et passants s’arrêtent pour photographier la fresque, McDonald’s installe son univers dans l’imaginaire collectif, sans forcer la vente.
Un coup d’éclat calibré pour les réseaux et les conversations
Comme souvent avec les campagnes audacieuses, les réactions ne se sont pas fait attendre. Sur les réseaux sociaux italiens, le débat oscille entre amusement et indignation. Certains saluent l’autodérision et l’inventivité du dispositif, d’autres crient au sacrilège, évoquant une atteinte au patrimoine culturel. Et c’est là que réside toute la force de cette activation : elle ne laisse personne indifférent.
En parallèle, un menu spécial “Welcome to Roma” a été lancé dans les restaurants de la capitale, à l’occasion de l’Année Sainte. Une manière d’ancrer la campagne dans une réalité commerciale, tout en gardant une cohérence narrative. C’est exactement ce que maîtrise McDonald’s depuis plusieurs années : créer des moments culturels qui se transforment en relais business, tout en renforçant le lien émotionnel avec le public.
Conclusion
Avec Enjoy the Classics, McDonald’s signe une campagne aussi culottée que maligne, qui détourne les codes de l’Histoire pour nourrir ceux de sa marque. À la croisée de l’art, du troll et du branding, cette mosaïque romaine n’a peut-être rien d’authentique, mais elle dit beaucoup sur la manière dont les marques peuvent aujourd’hui s’inscrire dans la culture… même celle qui a 2 000 ans.
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