Depuis quelques semaines, de nombreux utilisateurs réguliers de LinkedIn ont remarqué un changement inhabituel : des publications datant de plusieurs jours, voire de plusieurs semaines, réapparaissent en haut de leur fil d’actualité.
Ce phénomène n’est pas un bug mais bien une décision stratégique de la plateforme, qui a modifié son algorithme en juin 2025. Désormais, la priorité n’est plus donnée aux contenus les plus récents, mais à ceux jugés les plus utiles et pertinents pour la trajectoire professionnelle de chaque utilisateur.
Du scroll chronologique à la pertinence personnalisée
Contrairement aux autres réseaux sociaux dominés par l’instantanéité, LinkedIn assume pleinement sa volonté de ralentir le flux. Ce changement repose sur un constat simple : dans un univers professionnel, un contenu peut encore avoir de la valeur même s’il date de dix ou quinze jours. Une offre d’emploi, un changement de poste, une analyse de fond sur l’IA ou une tribune sectorielle peuvent générer des opportunités concrètes bien après leur publication.
Pour opérer ce virage, l’algorithme se base désormais sur trois critères majeurs :
- L’historique d’interactions : plus vous interagissez avec un type de contenu ou un profil, plus LinkedIn vous proposera des contenus similaires.
- L’importance relationnelle : les publications de vos collègues, anciens managers ou collaborateurs proches auront plus de poids dans votre feed que celles de contacts secondaires.
- L’expertise perçue : tous les commentaires ne se valent pas. LinkedIn tente d’évaluer qui, dans votre réseau, a une légitimité à parler d’un sujet donné, pour hiérarchiser les publications et réactions.
À cela s’ajoute un recul progressif des métriques de vanité comme les likes ou la durée de visionnage, désormais secondaires face à l’impact réel d’un contenu sur votre activité (nouveaux leads, invitations, mises en relation, opportunités pro…).
Vers une stratégie de contenu plus profonde et moins immédiate
Ce bouleversement impose aux créateurs et communicants de repousser les logiques classiques du community management. Poster régulièrement ne suffit plus. Il faut maintenant viser la qualité durable : des publications avec du fond, de la nuance, et un vrai potentiel d’utilité à moyen terme. Autrement dit, miser sur des contenus qui tiennent la route plusieurs jours, voire plusieurs semaines.
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Il devient aussi crucial de personnaliser davantage les publications pour toucher les bonnes cibles, notamment en tenant compte des nouveaux indicateurs accessibles (comme les gains de followers ou les visites de profil générées par chaque post). Le message doit être pertinent pour un cercle restreint mais qualifié, plutôt que viral dans un réseau étendu.
Cette évolution pousse aussi à revoir le rôle de l’algorithme dans les stratégies de visibilité. Plutôt que de chercher à “hacker” le système avec des heures de publication optimales ou des CTA répétés, il s’agit désormais de créer du contenu utile, sincère et bien ciblé. Une approche plus proche du content marketing que du pur social media.
Une transition encore en cours… mais assumée
LinkedIn indique que cette phase d’adaptation est progressive et qu’il sera possible, pour les utilisateurs perturbés par l’ordre non chronologique, de repasser sur une version plus classique du feed, en sélectionnant manuellement “Publications les plus récentes” dans les paramètres. Cela dit, ce réglage ne désactive pas complètement le nouveau modèle, qui continue de fonctionner en arrière-plan.
En 2025, alors que les usages pros du digital continuent de se fragmenter, LinkedIn cherche à se positionner comme un outil plus utile que simplement informatif. Moins de contenus jetables, plus d’opportunités réelles. Un changement subtil mais stratégique, qui redéfinit peu à peu ce que veut vraiment dire “publier” sur une plateforme professionnelle.
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