Chaque année, le 25 novembre rappelle à quel point les violences faites aux femmes restent une réalité omniprésente. Mais cette année, une campagne française sort du lot par sa puissance, son dispositif massif et l’émotion qu’elle dégage.
Les Gros Mots, l’agence créative indépendante fondée sur une culture engagée et sans détour, dévoile « Coup d’arrêt », une campagne pensée pour la Fondation des Femmes qui fait réagir dès les premières secondes. Entre film TV, affichage, presse, DOOH, radio et relais massif sur les réseaux, l’opération entend adresser un message clair : mettre un coup d’arrêt aux violences faites aux femmes n’est pas une option, c’est une urgence.
Un film d’une intensité rare porté par huit comédiennes
Au cœur de la campagne, un film d’une grande force émotionnelle réalisé par Emma Branderhorst, déjà récompensée d’un Grand Prix aux Cannes Lions 2024 pour son film « Piece of Me ». La réalisatrice apporte ici sa patte ultrasensible, connue pour son travail centré sur l’intime, et magnifie le message en évitant tout sensationnalisme.
Le film expose une succession de coups symboliques et psychologiques, incarnés par huit comédiennes de tous âges et toutes origines. Le résultat est volontairement frontal, mais toujours respectueux. Le dispositif met en lumière une réalité difficile à admettre : 100 % des femmes subiront des violences au cours de leur vie, qu’elles soient physiques, morales ou structurelles. Le ton est grave, la mise en scène sobre, et chaque mot prononcé pèse son poids.
La Fondation des Femmes espère que cette approche très incarnée encouragera une augmentation significative des dons. Le film est déjà soutenu par des personnalités issues du monde culturel, dont celles impliquées dans « Nos Voix Pour Toutes », la soirée caritative qui se tient à l’Adidas Arena. Une trentaine de célébrités relayent la campagne, renforçant encore son impact.
Une esthétique graphique forte en affichage et une mobilisation exceptionnelle
En parallèle du film, la campagne se décline en affichage, presse et DOOH avec une idée visuelle marquante. Les Gros Mots imaginent une représentation graphique où chaque coup devient un morceau de soi qui disparaît. Cette métaphore, à la fois simple et brutale, renvoie à la manière dont les violences grignotent l’identité des femmes, parfois sans qu’elles en aient pleinement conscience.
Une trentaine de personnalités publiques prêtent leur image pour amplifier le message. On retrouve notamment Muriel Robin, marraine de la Fondation, ainsi qu’Eye Haidara, Amel Bent, Claudia Tagbo et plusieurs artistes engagées. Leur présence n’a rien de cosmétique. Elle crée un effet de miroir entre femmes connues et anonymes, rappelant que la violence n’épargne personne, quels que soient le milieu, la notoriété ou la réussite.
L’envergure du dispositif témoigne aussi d’un engagement collectif rare. De nombreux talents, techniciens, artistes et partenaires se sont mobilisés bénévolement autour de Les Gros Mots. Cette dimension collaborative donne à la campagne une puissance supplémentaire, presque militante.
Pourquoi cette campagne marque un tournant dans la communication engagée
Au-delà de la force des supports, « Coup d’arrêt » incarne l’évolution d’une communication engagée qui ne cherche plus seulement à sensibiliser, mais à provoquer un réel passage à l’action. Trois éléments expliquent sa portée.
1. Un message universel et assumé.
Le choix d’affirmer que toutes les femmes sont concernées permet de sortir d’un discours segmenté. La violence n’est plus marginalisée, elle est décrite comme une structure systémique. Ce changement de perspective est essentiel pour mobiliser le grand public.
2. Une créativité au service d’un combat sociétal.
Les Gros Mots restent fidèles à leur territoire créatif : direct, sans fioritures, mais toujours profondément humain. Ici, l’idée ne cherche pas le choc gratuit, elle mise sur la sincérité des témoignages et la force du symbole.
3. Une mise en scène qui traduit l’invisible.
Les violences psychologiques, administratives ou économiques restent souvent difficiles à représenter. La métaphore visuelle des morceaux qui s’effacent donne une forme à ces violences moins visibles, mais tout aussi destructrices.
La présidente de la Fondation des Femmes, Anne-Cécile Mailfert, résume parfaitement l’ambition : donner à chacun le pouvoir d’agir. À ses côtés, Rozenn Traineau, directrice du développement chez Les Gros Mots, rappelle que toute l’équipe a travaillé bénévolement pour que la campagne soit « la plus juste et la plus forte possible ».
À l’heure où les repères vacillent et où les violences augmentent, cette campagne ne cherche pas seulement à marquer les esprits. Elle appelle à une prise de conscience collective, immédiate et durable.
















