C’est un tremblement de terre dans le monde de la publicité. Omnicom Group et Interpublic Group (IPG) viennent de confirmer leur fusion mondiale dans un accord estimé à 13,5 milliards de dollars.
Cette union historique donnera naissance à la plus grande holding publicitaire du monde, avec un chiffre d’affaires cumulé de 25,6 milliards de dollars. Mais derrière cette annonce se cache une décision aussi incompréhensible que symbolique : la dissolution du réseau DDB, l’un des noms les plus mythiques de la création publicitaire.
Attention : La dissolution du réseau DDB n’a pas encore été confirmée officiellement par Omnicom, même si de nombreuses rumeurs en ce sens sont à l’origine de cette information.
La fin d’une ère : DDB, icône absolue de la créativité
Dire que DDB a changé la publicité serait un euphémisme. Fondée en 1948 par Bill Bernbach, Ned Doyle et Maxwell Dane, l’agence a tout simplement inventé la modernité publicitaire. C’est chez DDB qu’est né le duo créatif directeur artistique / concepteur-rédacteur, aujourd’hui la base de tout modèle d’agence. C’est DDB qui a signé “Think Small” pour Volkswagen, “We Try Harder” pour Avis, ou encore “Lemon”, des campagnes qui ont redéfini ce que pouvait être une marque.

Bernbach croyait à une publicité honnête, humaine et intelligente, dans un monde où la réclame était encore mécanique et bruyante. Il a fait entrer l’émotion et la sincérité dans la com’. Son influence est telle qu’Apple l’a cité dans sa campagne “Think Different”, aux côtés de Gandhi et Einstein. Alors voir le nom “DDB” disparaître en 2025, c’est un peu comme rayer Picasso des Beaux-Arts.

Une fusion colossale, mais un choix incompréhensible
Derrière la fusion Omnicom/IPG, il y a évidemment une logique économique. L’accord, validé par la Federal Trade Commission (FTC), prévoit la création d’un nouveau groupe structuré autour de BBDO, McCann (qui abandonne son “Worldgroup”) et TBWA Worldwide. Objectif : simplifier, rationaliser, et, selon les communiqués, générer 750 millions de dollars de synergies. Traduction : des milliers de postes supprimés, et une consolidation brutale des marques.
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Mais dans ce grand ménage stratégique, sacrifier DDB ressemble à un contresens total. Le réseau restait un symbole fort de la créativité publicitaire mondiale, avec des agences performantes à Paris, Berlin, São Paulo ou Sydney. Certes, DDB connaissait une baisse de performance sur le marché américain, mais sa valeur culturelle et symbolique dépassait largement les indicateurs financiers.
Beaucoup dans l’industrie y voient une décision purement comptable, là où des groupes comme Publicis misent aujourd’hui sur la technologie, la data et la transformation plutôt que sur la destruction de leurs marques phares.
Une disparition qui marque un tournant pour toute l’industrie
La disparition de DDB, ce n’est pas seulement la fin d’une agence. C’est la mort d’une philosophie. Celle d’une publicité créative avant d’être financière, d’une idée avant d’être un KPI. C’est la fin d’un héritage incarné par Bernbach, Brochand, Brossard, et toute une génération de publicitaires qui croyaient encore que la créativité pouvait changer le monde.
Certains diront que c’était inévitable. D’autres, que c’est la conséquence d’années de gestion hésitante, de fusions mal digérées et de décisions prises trop loin du terrain. Mais pour la plupart des créatifs, c’est surtout un choc émotionnel.
Sur les réseaux, les hommages se multiplient, entre colère et nostalgie. Un commentaire de Hubert Boulos sur LinkedIn résume bien le sentiment général : “DDB is Done, Dead and Buried. But never forgotten.”
Avec cette fusion, le monde de la publicité entre dans une nouvelle ère, plus centralisée, plus rationnelle, sans doute moins romantique. Une ère où les légendes laissent place aux logiques financières. Et où le nom de Bill Bernbach continuera, malgré tout, à hanter les brainstorms de ceux qui savent encore pourquoi ils font ce métier.
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