Chaque année, le Palmarès du Club des Directeurs Artistiques est attendu comme un véritable baromètre de la création en France. Pour cette 56e édition, le Club a distingué 276 travaux répartis entre communication, craft, production, design et digital.
Autant dire que la créativité française se porte bien, et qu’elle continue de briller à l’international. Mais au-delà des récompenses, c’est un message clair que l’institution envoie à toute l’industrie : les idées, l’écriture et l’audace comptent plus que les KPI.
Un palmarès qui célèbre l’excellence pure
Impossible de passer à côté de la catégorie Excellence, créée il y a trois ans par Sylvain Thirache, président sortant du Club. Cette année, elle a récompensé McCann Paris et L’Oréal Paris pour leur campagne « The Final Copy of Ilon Specht ». Un projet qui revisite l’héritage publicitaire tout en l’ancrant dans le présent, rappelant qu’une bonne idée traverse les époques.
Ce Grand Prix revisite le texte culte imaginé par Ilon Specht en 1971 pour L’Oréal (le fameux Because I’m worth it) en le réinterprétant dans une version contemporaine. Un choix audacieux qui met en valeur la puissance intemporelle de la rédaction publicitaire, rappelant que certaines idées traversent les époques et restent plus fortes que n’importe quel slogan éphémère. Ici, McCann Paris et L’Oréal ne se contentent pas de rendre hommage : ils prouvent que le discours de marque peut évoluer tout en gardant son ADN.
Le jury, présidé par Dimitri Guerassimov, a aussi marqué les esprits en attribuant un prix d’honneur à la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Au-delà du sport, cet événement a été pensé comme une œuvre culturelle, visuelle et narrative qui restera dans les mémoires. Un choix qui montre que le Club n’hésite pas à élargir le spectre de la créativité célébrée, en intégrant des productions culturelles qui redéfinissent la notion même de spectacle vivant.
En chiffres, le palmarès 2025, c’est :
- 1 prix d’Excellence
- 1 prix d’Honneur
- 1 coup de cœur
- 16 prix spéciaux
- 23 boules rouges (1er prix)
- 98 boules blanches (2e prix)
- 130 boules bleues (3e prix)
Derrière ces distinctions, il y a une conviction : l’excellence créative n’est pas une question de buzz, mais de profondeur d’idée et de qualité d’exécution.
Les grands vainqueurs : agences, talents et annonceurs
Le Club a profité de cette édition pour mettre en avant des structures et personnalités qui façonnent le paysage publicitaire actuel. Côté agences, W Conran Design s’impose comme agence Design de l’année, confirmant son rôle majeur dans le renouvellement visuel des marques. En production, c’est Division qui rafle le titre de société de production de l’année, tandis qu’Immersive Garden décroche celui de Studio Digital de l’année. Trois acteurs qui illustrent la diversité et la vitalité de l’écosystème français.
Les prix individuels confirment aussi la montée en puissance de profils inspirants :
Directeur/directrice de création de l’année :
1. Alexander Kalchev (DDB Paris)
2. Stéphane Xiberras (BETC)
3. Alexandre Hervé (Romance)
Directeur/directrice artistique de l’année :
1. Peio Ospital (W Conran Design)
2. Clément Palouzier (Publicis Conseil)
2. ex aequo avec Célyne Parizel, Delphine Rougerie, Florence Vitu (W Conran Design)
3. Guenaelle Biras (DDB Paris)
3. ex aequo avec Jordan Lemarchand (TBWA\Paris)
Concepteur rédacteur / rédactrice de l’année :
1. Olivier Mille (BETC)
2. Damien Veillet (Rosa Paris)
3. Antoine Querolle (Publicis Conseil)
Réalisateur / réalisatrice de l’année :
1. Katia Lewkowicz (Grand Bazar)
2. Walid Labri (DIVISION)
3. Vania Heymann (ICONOCLAST)
3. ex aequo avec Muggia Gal (ICONOCLAST)
Côté annonceurs, c’est Intermarché qui a été élu annonceur de l’année. Pas vraiment une surprise : l’enseigne a multiplié les campagnes sensibles et impactantes, capables de toucher le grand public tout en renouvelant les codes du retail. Dans un secteur dominé par la guerre des prix, ce pari sur l’émotion et l’authenticité a payé.
On pourrait croire à un simple palmarès, mais ces distinctions envoient un signal : les marques et talents qui réussissent aujourd’hui sont ceux qui savent surprendre, prendre des risques et mettre du sens dans leurs créations.
Découvrez le palmarès complet ici : LE PDF DU PALMARÈS COMPLET
Transmission et futur : l’autre visage du Club des D.A.
Ce qui fait la singularité du Club des D.A., c’est sa capacité à ouvrir la scène aux nouvelles générations. Depuis plus de 20 ans, son Concours Étudiant met en lumière les futurs talents. Cette année, le brief portait sur l’association Les Déterminés, avec un objectif clair : créer une campagne porteuse d’impact social. Résultat : 65 projets reçus, 18 écoles participantes, et une campagne lauréate baptisée « Marque l’Histoire », conçue par des étudiants de l’ESP Paris. Bonne nouvelle : elle sera réalisée et diffusée, preuve que la créativité étudiante peut réellement trouver un écho concret.
Autre moment fort, le Concours Futurs Désirables, présidé par Rémi Babinet (BETC), qui en est déjà à sa deuxième édition. Ici, l’ambition est différente : imaginer des visions positives et inspirantes du futur grâce à la créativité. Le premier prix a été attribué à Rébellion pour son dispositif « Co-naissance », tandis qu’un coup de cœur a salué le projet « Redéfinir Demain ». Des initiatives qui rappellent que la publicité ne se limite pas à vendre, mais qu’elle peut aussi être une force de réflexion et de transformation sociale.
Dans un contexte où l’industrie est parfois critiquée pour son obsession des résultats immédiats, ces concours étudiants et prospectifs sont une bouffée d’air. Ils montrent que la création peut rester un terrain d’utopie, un espace pour penser demain autrement. Et si les grandes agences viennent souvent puiser dans ces jeunes talents, c’est bien parce que ce mélange d’audace et d’idéalisme garde toute sa valeur en 2025.
Conclusion
En résumé, le CDA56 n’est pas qu’un palmarès de plus. C’est une photographie fidèle de la création française actuelle : exigeante, audacieuse, multiple. Elle consacre des campagnes qui marquent, des talents qui inspirent et des étudiants qui promettent. À l’heure où la communication est parfois réduite à des chiffres de performance, le Club rappelle que ce qui fait la différence, c’est encore et toujours la qualité de l’idée et de son exécution.
Un rappel salutaire pour tous ceux qui travaillent dans ce milieu : la créativité n’est pas un luxe, mais le moteur même de nos métiers.
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