En temps normal, les fleurs sont des symboles de vie, de joie, de célébration. On les offre pour un anniversaire, un mariage ou pour égayer une maison.
Mais en Grèce, comme dans bien d’autres pays, elles marquent aussi la mort, laissées sur le bord des routes pour honorer la mémoire d’une personne fauchée dans un accident. Un détail discret mais omniprésent, que le Road Safety Institute (RSI) “Panos Mylonas” et son agence The Newtons Laboratory ont décidé de remettre au centre de l’attention avec une campagne visuelle puissante et bouleversante.
Des fleurs comme symbole d’un fléau silencieux
La campagne s’appelle tout simplement “Flowers”. À l’occasion des 20 ans de l’organisation, elle prend la forme d’affiches urbaines et de publications sociales qui transforment les bouquets en symboles percutants d’une réalité bien trop fréquente. Chaque image montre une scène familière : un virage, un trottoir, une route de campagne. Mais au pied de chaque décor, un bouquet de fleurs abandonné. Le genre que l’on ne remarque plus… jusqu’à ce qu’on comprenne ce qu’il signifie.
La Grèce affiche le troisième taux de mortalité routière le plus élevé de l’Union européenne. Les hommages floraux sur les routes sont devenus une partie du paysage, presque banale. Mais cette banalité est précisément ce que la campagne cherche à briser. En ramenant ces gestes discrets dans le champ visuel collectif, le RSI veut raviver la conscience des dangers de la route, sans violence, mais avec une intensité émotionnelle rare.
Une campagne sobre mais d’une efficacité redoutable
Pas besoin d’images chocs ou de slogans criards. Ici, le silence fait tout le travail. Chaque image nous confronte à ce que l’on préfère ignorer : la fragilité de la vie en voiture ou à moto, et la responsabilité que chacun porte derrière un volant. Le message est simple, mais terriblement efficace :
“Nous ne voulons pas de fleurs pour notre anniversaire.”
Dans une époque où les campagnes de prévention routière rivalisent souvent de surenchère visuelle, Panos Mylanos et son agence ont choisi une voie plus sensible, plus humaine. Le contraste entre la beauté des fleurs et la tragédie qu’elles représentent touche une corde sensible, sans accuser ni culpabiliser. Et c’est justement ce ton qui rend la campagne si percutante.
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L’émotion au service de la prévention
En publicité, on dit souvent que ce qu’on ressent, on le retient. Et cette campagne en est un parfait exemple. En mêlant émotion, simplicité et une mécanique visuelle universelle, elle réussit à créer un moment de pause, de réflexion, dans l’agitation des villes ou le défilement rapide d’un feed social.
En rappelant que derrière chaque bouquet se cache une vie brisée, le RSI ne cherche pas à faire peur, mais à responsabiliser. À nous faire comprendre que chaque geste compte sur la route, et que l’on peut tous, par nos choix, éviter qu’un nouveau bouquet ne vienne fleurir un bas-côté.
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